Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/10/11

 

Espoir de solitude temporaire, chapitre 2

Beaucoup trop occupé pour écrire de nouvelles aventures (ou simplement vous raconter celles qui piquantent mon vécu) je vous partage la moitié de mon second chapitre work-in-progress de mon roman. C'est cru et pas retravaillé du tout, mais c'est l'élan qui compte dans l'exercice ici, ok? Et puis, on s'entends pour dire que ça va me mettre de la pression pour le terminer rapidement ce chapitre? Y'a rien comme la pression sociale pour avancer dans la vie, surtout celle qu'on se met soit même, surtout quand le texte en question parle du secondaire 5. Et Hop!

MAJ : ajouté la deuxième partie pour terminer le chapitre. Je viens de l'écire, elle était dans ma tête, prisonnière. J'ai deux milles autres affaires à faire, mais j'ai volé un peu de temps pour écrire, pour me changer les idées, ça fait tellement du bien!!



Chapitre 2.
Ou l'auteur raconte ses déboires amoureux et idiots d'adolescent idiot, comme si c'était intéressant.

With the Lights out it's less dangerous
Here we are now entertain us
I feel stupid and contagious
Here we are now entertain us
A mullato an albino
A mosquito my libido
yay

Smells like teen spirit - Nirvana

Yay. C'est de circonstance. Un Yay énergique, cynique et festif à la fois. Un Yay désabusé, abusé, amusé. Le grunge. Enfin. Après la pop adolescente des années 80, qui fait fureur aujourd'hui auprès de la demi-génération suivante qui n'a connu de l'époque que les macarons carrés de Madonna et les posters des Back Street Boys dans leur chambre de pré-ado de onze ans, ahem, raclement de gorge sarcastique, ce grunge venu du fond de Seattle (probablement pas mais c'est ce que les média en ont dit), ce grunge était enfin ce qu'on attendait. On ne l'attendait pas vraiment, on ne savait pas qu'on en avait besoin, mais on était en train de commencer à se faire des trips sur des vieux groupes des années soixante et soixante-dix, à se faire croire que Led Zeppelin c'était encore cool et à se refaire the lizard king parce qu'on avait vu le film de Oliver Stone. En 1991 bordel. Une chance que Nirvana est arrivé à temps. Mais bon. Je ne voulais pas retourner en 1991 moi, je voulais retourner en 1989. Attendez une seconde. Search "1989". Results 1 - 100 of about 68,400,000 for 1989. (0.16 seconds). 1989 - Wikipedia, the free encyclopedia. http://en.wikipedia.org/wiki/1989. Ha voilà. Merci internet. M. Bush premier est élu. Les Soviétiques en Afghanistan. Salman Rushdie. La place Tiananmen. La chute du mur de Berlin. Ok j'arrête, je commence à sonner comme Billy Joel dans we didn't start the fire. Et c'est un des représentants des boomers dans la pop des années 80-90. Et je les détestes les baby boomers. Ça doit être parce que je sens la génération suivante qui commence à détester la mienne. Jalousie d'auto-défense. Alors hein. Et puis en 1989, je terminais mon secondaire 5. Je m'en foutais ben de toutes ces affaires là.

Sauf la Polytechnique. Ça m'avais vraiment scié en deux ça. Mais c'est beaucoup trop sérieux pour le deuxième chapitre. On garde ça au congélateur et on ressort vers le 20ème pour que ce soit décongelé et prêt à servir autour du 25ème. Là j'aurais un ton sérieux et pas du tout sarcastique pour aborder ce sujet là. Non, non, faut prendre les chose dans le bon ordre, faut doser l'intensité il me semble. Donc, en secondaire cinq, j'étais pas mal dépressif, j'avais un peu envie de me suicider et j'ai failli mourir quatre fois, sans intervention de ma part je veux dire. On va parler des vraies affaires là. Pas des trucs qui se retrouvent dans des encyclopédies sur internet. Le genre d'événement qu'on peux deviner à la lecture entre les lignes (et les photos, wouach!) d'un album de finissants de secondaire cinq. Des affaires toutes simples d'adolescence là, la mort, l'amour, les amis, les filles, la fille t'aime mais qui sort avec ton ami que et que t'as envie de mourir. Ce genre d'affaires là. Dramatiques à l'échelle locale et personnelle. La fille en question elle s'appelait Isabelle. Ou Julie. Ou Geneviève. Ou Nancy. Mourir quatre fois j'ai écrit plus haut hein? C'est ça. Le compte est bon. Remarquez, j'aurais pu changer les noms parce que sérieusement, vu que je n'ai pas trouvé de pseudonyme génial il semble que j'écris sous mon vrai nom et ça ne se fait pas conter des affaires de même avec le vrai nom des protagonistes. Dans en blogue en 2005 oui, mais pas dans un livre et pas en 1989. Mais entre vous et moi, qui n'a pas connu des Isabelles, des Julies, des Genevièves et des Nancys? Non mais. Quand même. Donc c'est pas trop grave. Et en plus, on ne sait jamais, peut-être qu'elles vont lire ce livre et désirer que je leur signe une dédicace. Sur le sein gauche. Un gars peux bien rêver non? Quoi, ça se peux qu'elles soient encore très... intelligentes et sensibles, non? Même 15 ans plus tard. Zut. 15 ans. Y'a quand même mon email à la fin du livre, au cas ou, ok?

Non mais je dis ça comme si j'étais un macho, parce que ça fait plus cool, mais en 1989 j'était vraiment très nerd. En 2005 aussi mais ça paraît moins, je porte des verres de contacts et je suis un peu moins gêné. Un peu moins. Alors, dans cette polyvalente rebaptisée école secondaire, j'étais enfin en secondaire cinq. J'avais 16 ans en 1989 (au printemps) la première fois que j'ai embrassée une fille sérieusement. Sérieusement ça veux dire plus qu'une fois. En fait plus qu'une soirée disons. En fait, c'était ma première vraie blonde. Geneviève. Un nom parfait pour une première blonde d'un gars qui sortait à peine de sa passe donjons et dragons et de beaucoup trop trop de livres de fantastique médiéval pour que ça ne laisse pas de séquelle. Des cheveux noirs de jais (jamais vue de jais de ma vie mais c'est toujours ça qu'on dit des cheveux si noirs). Longs, ça va de soit. Bouclés. La peau d'une blancheur immaculée. Une vraie reine. Et ce l'était. Dans l'autobus du voyage à Toronto, pour la fin du secondaire 4, elle avait été votée la plus belle par moi et mes amis. D'où le défi. C'était le voyage de récompense pour les meilleures performances scolaires de l'années. Ça assurait au moins deux choses. Premièrement, peu de compétition des mecs de l'équipe de football et d'autres idiots beaucoup trop carrés pour que je sois crédible sur le terrain physique. Deux, elle devait être quelque part sensible et intelligente cette fille pour s'y retrouver. J'avais peut-être des chances de la séduire avec mon humour sarcastique (déjà), mon sens de la répartie et mon intelligence supérieure (et mon ego, déjà aussi). 5 jours. J'avais 5 jours dans ce petit microcosme à température pas trop variable pour enflammer la douce demoiselle à mes charmes. J'estimais mes chances à 25%. Il y avait quand même Hugo le tombeur au chandail Vuarnet rose (mais c'était un de mes bons amis, peut-être qu'ils serait de mon bord). Et Denis qui la connaissais bien, alors que moi pas du tout. Et Pierre. Le beau Pierre, cheveux blonds, yeux bleu acier, mâchoire carré, mais heureusement pour moi encore sur un frame de chat à cette époque. 25%. Ça valait le risque non? Et puis, elle était dans ma liste ci-haut, là, c'est pas comme si vous saviez pas comment c'était pour finir non?

Effectivement. Ce fût le triomphe du nerd chrysalide. De la chenille à lunette que j'étais, il suffit d'une paire de verre de contact, un ou deux chandail polo à manches longues achetés dans un outlet aux states quelques mois auparavant et d'une bonne dose de guts pour me refaire une réputation. Disons que ça aidait malgré tout le fait que je n'ai jamais attiré son attention avant. Avec dame Guenevièvre, j'ai mis au point une tactique qui me sert encore aujourd'hui. Je n'en suis pas peu fier. Tactique et stratégique, elle va comme suit:

1. Inventaire des actifs du conquérant (faut savoir d'où ou part!)
2. Observation attentive de la demoiselle (psychologie doublée d'anthropologie, comprendre elle et son milieu)
3. Cueillettes d'informations complémentaires (auprès de ses amies, des déductions logiques à la Colombo)
4. Mise en place d'une stratégie d'approche (par étapes si nécessaire)
5. Évaluation des chances de succès (mise en place d'un plan B si chances faibles)
6. Calcul savant des mots à prononcer et études des scénarios possibles
7. Oublier tout ce qui est ressorti des étapes 1-6 dès qu'elle vous regarde droit dans les yeux.
(j'ai une version alternative du #7 pour plus tard, mais c'est pas avant ma trentaine, désolé, j'en reparle dans plusieurs chapitres!)
8. Avec un peu de chance, avec des mousses d'audaces retrouvées dans le fond de votre poche de jeans et avec quelques mots balbutiés avec sincérité, peut-être que ça va marcher. Dépendant du degré de chance multiplié par la sincérité.

Alors, cette fois là, je ne sais pas si c'est le facteur chance ou le facteur sincérité, mais toujours est-il qu'après des journées pathétiquement plates pour n'importe qui d'autre, à faire des affaires trop ordinaires pour vraiment être un voyage éducatif, j'étais assis dans le siège 6B à côte de Geneviève qui était dans le 6C. Seul obstacle, Simon la tronche assis dans le 6D à côté d'elle que je devais convaincre de changer de place avec moi de l'autre côté de l'allée du bus (schéma explicatif: 6A 6B Allée 6C 6D, vous voyez le portrait?) pour aller converser avec Marjorie qui avait une prose à faire friser les oreilles d'un sourd tellement les mots dévalaient hors de sa bouche comme le Lone Ranger sur son cheval (ah merde, mauvais image, pas la bonne époque). Tellement les mots dévalaient hors de sa bouche comme un X-Wing dans l'hyperespace (c'est mieux un peu!). Mais pas Toutatis, le ciel ne me tombait point sur la tête quand j'eu vent par le grand Jack assis juste derrière moi que ledit Simon en question avait un oeil depuis tout le voyage sur la Marjorie en question et que seule sa gêne légendaire de génie scolaire (j'veux dire, la bol de la classe des bols, vous saisissez?) l'empêchait d'aller au bout de son fantasme (qui devait se limiter à effleurer le bras de la dite demoiselle, peut-être, peut-être, deviner la courbe de son sein sous son chandail de laine de printemps. Elle était jolie derrière sa barricade de mots et ses lunettes trop épaisse la demoiselle du 6A sommes toutes). Dans un deal digne des plus grands films de la mafia, j'ai réussi, suite à mon échec à convaincre Simon de changer de place avec moi, à convaincre Marjorie de changer de place avec Geneviève. Mon cerveau de nerd n'a eu qu'un mot roque (avouez, une joke d'échec pour clore un succès, c'est fort! Ensuite, quelques mois plus tard, ce mot serait remplacé par rock mais on était pas encore rendu là).

Pour faire une histoire courte (non mais, c'est juste un paragraphe là et c'est la première conquête de 4 dans cette année, faut doser un peu!) j'ai eu Geneviève à côté de moi. J'ai eu son avant-bras qui effleurait le mien. J'ai eu son sourire qui m'a assassiné (encore). J'ai eu ses yeux dans les miens. J'ai eu la frousse. J'ai eu la certitude que elle, elle savait ce qu'elle faisait. J'ai eu ses paupières fermées à quelques centimètres de mon visage. J'ai eu ses lèvre sur les miennes. J'ai eu sa langue dans ma bouche. Dans mon cou. Dans mes oreilles. J'ai eu chaud. J'ai eu rouge. J'ai eu sa main sur ma cuisse. J'ai eu une érection de l'enfer. J'ai eu mes yeux sur son t-shirt blanc avec brassière noire pas vraiment subtile une fois que sa petite laine de printemps eu pris le bord sous ses soupirs. J'ai du avoir de la chance de savoir quoi faire avec cette boule de feu entre les mains. J'ai suivi mon instinct. Merci instinct! J'ai mis mes lèvres sur les siennes à nouveau. J'ai savouré le miel de sa bouche. J'ai entendu mes chums sur les bancs derrière moi dire des "fuck you, ça se peut pas, checkez ça dans la rangée six!". J'ai eu sa main sous mon chandail. J'ai même eu l'élan de mettre la mienne aussi sous le sien. J'ai eu un petit papier avec dessus écrit à l'encre rouge "t'es trop mignon, téléphone moi demain, 699-1234, Gen XXX".

Ça aura duré un gros deux semaines de mémoire. Foxé mes cours pour necker dans la cour d'école immense qui se perdait dans le bois derrière l'école. Appris plein plein de chose de la vie et des femmes en peu de temps, pas vraiment assez pour dire que j'avais fait un court-circuit mais on s'était certainement rendu au troisième but... De toute évidence, ce fut le beau Pierre qui remporta la palme après ces quelques semaines, moins fébrile que moi et plus patient, il savait bien jouer ses cartes. Mais ça m'importait peu. La peine d'amour dura au gros maximum un jour et demi. C'était la fin de l'année du secondaire 4. L'été commençait. J'étais un jeune homme avec un élan de succès récents. Tout était changé. I was the Lizard King. Enfin pas encore, mais ça s'en venait. L'été. Des affaires toutes simples d'adolescence devant moi, l'amour, les amis, les filles, les partys, la bière, les rires, les feux de camps les espoirs. Entrecoupé de tristesse, de trahison, de filles, de partys, de bière, de pleurs et de matins gris de désespoirs. La vrai vie quoi. Elle était devant moi. J'en avais si faim!

Comments:
T'as l'air en forme Sylvain, ou c'est une idée que je me fais? :)
 
Je suis débordé mais en forme oui. Tant mieux si ça transparaît. J'ai une paix tranquille qui me fait sourire. Ouais...
 
Bon stock. Une couple de "typo" drôles aussi.

:-)

MS
 
Publier un commentaire



<< Home

Archives

2003-01   2003-10   2004-03   2004-07   2004-08   2004-11   2004-12   2005-01   2005-03   2005-04   2005-05   2005-06   2005-07   2005-08   2005-09   2005-10   2005-11   2005-12   2006-01   2006-02   2006-03   2006-04   2006-05   2006-06   2006-09   2006-12   2007-02   2007-06   2007-07   2007-12  

This page is powered by Blogger. Isn't yours?