Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/09/15

 

Jus de citron

Qu'est-ce que le bonheur. Merde. Et moi qui voulait ce soir répondre à une question facile de ma liste de billets à écrire, j'sais pas, quelque chose de léger comme qu'est-ce que l'amour. Ou à la question comment ça va? Je me suis fait poser cette question là aujourd'hui, de but en blanc, de vive voix, au téléphone. Bonne question. Ça va comme un blues de Led Zeppelin. Ouais. Comme The Lemon Song. Un peu down. Mais avec une ligne de basse hallucinante. Et le beat accélère, de la tristesse émerge une énergie brute. Puissante. C'est une peu comme ça que je me sens.

C'est conséquent avec mon comportement du moment. Manger de la pizza réchauffée et boire de la bière. Et écrire. Écrire. Une chance. Magnification du surmoi. Déversoir de désarroi, projection d'espoir. Pff. N'importe quoi. Oui. N'importe quoi. I should have listened, baby, to my second mind. C'est ça. The way you squeeze my lemon, I'm gonna fall right out of bed. Trop facile de faire le lien avec le billet précédant. Curieux quand même, le citron pressé, ça prends un tout autre sens en français. Squeeze my lemon. Faire couler le jus de mes amertumes, de mes regrets, des mes "et si". Jus acidulé. Je le croyais épuisé. Mais non, il est en moi, pas si loin, et c'est facile, qu'à revoir la mère de mes enfants pour le faire jaillir.

Comme ce soir. Rencontre de parents oblige (dans deux classes en même temps, ça ne se fait pas tout seul). Aye. Let me tell you baby, you ain't nothin but a two-bit, no-good wive. Ça fait longtemps que c'est dit ça. Très longtemps que c'est compris. Pourtant. Ça aura pris du temps pour s'en défaire. Pourtant, ça fait longtemps que j'en suis libre, non? Pourquoi elle me fait encore rager autant? Pas parce que je l'aime. Non, ça sérieusement, c'est pas ça. Parce qu'on a été si fort synthèse qu'on ne peut plus qu'être antithèse? Peut-être. Peut-être que c'est inévitable. Je ne sais pas. Pourtant, je suis si bien avec moi même. Très heureux. Très très. Alors je ne devrais pas m'en faire. Ce que j'ai fait. Je l'ai un peu ignorée. Ça l'énerve.

Elle me raconte tout pleins de choses, et ça ne peut pas me passionner. J'suis désolé. Ça peut juste pas. Je suis pas mal trop intègre pour feindre que ça m'intéresse même. Elle sait ça. Mais elle continue quand même. Neutralité tendue, mais neutralité visée. Départ pour l'école, à trois coins de rues de la maison, ça se fait à pieds. Ça va mieux. On se splitte les rencontres en deux. J'irais voir madame Josée, professeur de Jacob. Il est fier mon grand. Insécure un peu. Introverti aussi. Comme son père à cet age. Pensif, mesuré, mais bouillant à l'intérieur. Ça se sent, c'est un passionné. Comme son père. Et sa mère, aussi. Rencontre de routine, parce que ça va toujours bien à l'école pour Jacob. C'est un élève comme tous le profs en veulent. Curieux. Calme. Souriant. Retour à la maison.

Chemin du retour avec la mère de mes enfants et deux de mes enfants, les deux gars (ma fille gardait chez la voisine, elle est au secondaire, genre!). Allé chercher la mère en question dans la classe, elle jase tout le temps trop longtemps avec les profs. Ça m'a toujours énervé. Mais on ne va pas en faire un plat. Surtout pas devant les enfants, non. Tu sais quoi, t'as les cheveux trop longs, t'as l'air d'un rocker... Ha! Non mais. Qu'est-ce qu'il lui prends? Je lui fais un signe du devil avec mes doigts là, je sors ma langue et je lui réponds... yes madame! Non. Je ferme ma gueule, parce que j'ai appris quelques leçons quand même. Je fais juste un petit sourire en coin pour moi même. Je me dis que je vais vous raconter ça plus tard ce soir. Ça me console, c'était quand même une belle scène surréaliste.

Ma fille pleure. Sa mère est partie trop vite. Elle est fatiguée ma fille. C'est difficile à son age. Réajustements, horaires, hormones, tout. Je comprends ça. Je lui dis qu'elle peut bien pleurer sur mon épaule tant qu'elle veut. Elle ne se fait pas prier. Mais ça ne dure pas trop longtemps. Elle est forte ma fille. Comme son père. Et sa mère aussi. Elle essuie ses larmes et me raconte sa journée. Rien de trop dramatique. De la fatigue accumulée ma grande? Oui, peut-être. Papa, des fois c'est difficile. Je m'ennuie de maman, on ne la voit pas souvent. Ma grande, ça va aller. Ta mère achève l'école, je lui ai dis que je l'aiderait pour ça, tu comprends? C'est pas facile pour elle non plus. Mais papa, toi ça va? Oui, ça va. Ça va comme une locomotive. J'ai les charbons qui brûlent avec intensité. Mais les roues ne tournent pas immédiatement à toute vitesse. Mais c'est brûlant en moi. Je sais ça, je vois ta passion. Ah tu vois ça toi? Petit bout de femme en construction, tu vois ça?

Oui. T'es en paix. T'es calme. Tu prends bien soin de nous. Tu fais les devoirs avec nous. Tu fais de bonnes choses à manger. Tu fais toutes les choses de la maison qu'avant maman te reprochait de ne pas faire. Tu travailles fort. Tu nous aimes. En plus tu souris quand même pas mal souvent. C'est beaucoup mieux qu'avant!

Dis donc. T'es pas mal trop lucide pour une petite fille. Sourires. Petite fille. Qui devient grande. Mais encore toute petite. Elle s'endort paisiblement. Ma maison est tranquille. L'ex est partie. Pas si mal après tout. Les enfants dorment. Mon coeur bat au rythme de cette guitare électrique jaune. Lemon Song. Ouais. I should have quit you, baby, such a long time ago. I wouldn't be here with all my troubles, down on this killing floor. Je l'ai fait. C'était super dur. C'était la bonne chose à faire. J'en suis certain maintenant. Délit d'indépendance. Je suis en paix. Troublé à l'intérieur par tant de chardons ardents, tiraillé par des désirs d'absolus, d'absolus désirs, mais libéré de mes irrésolutions. Heureux finalement. Le bonheur, c'est la paix. Faudrait bien que j'écrive un billet là dessus...



Comments:
tu écris bien.

Mademoiselle Moka, tout simplement! :)
 
Incommensurablement tombée dans tes mots. Et flac-a-flac, j'ai l'motton. Vicariale ou non, l'expérience est là. Chacune des respirations introduites par tes points me rentre dedans comme des tonnes de petites billes multicolores. On pouvait même entendre la toune jouer, derrière, dans les aubes d'une jeunesse antérieure...
 
"Vicariale" je ne sais même pas ce que ça veut dire. Bon je suis pas con, j'ai vérifié dans le dictionnaire, mais c'est plaisant les nouveaux mots. Mais j'ai pas trouvé de bonne définition, tu veux clarifier?

Mais oui, au niveau de sens, c'est une vraie de vraie expérience. Des tonnes de billes multicolores... c'est très joli!
 
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