Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/09/17

 

Divers délires et élixir d'angoisse

Ce soir, j'irais arpenter les rues de la ville,
sous la pluie, c'est parfait, comme si fébrile,
Montréal s'était fait décor idéal pour mes états d'âmes.

J'écris arpenter, échouer plutôt, parce que ma rage,
de plus je sais d'avance le lieu de mon naufrage,
pas tant le lieu que le type, moshpit massacre, tadam!

Bientôt je vais quitter le tranquille de ma banlieue,
pour me perdre, encore, dans la musique, les gens, les lieux.
J'ai besoin de flusher la douleur qui m'habite, c'est vrai.

Imbiber mon corps d'alcool, mes pensées de nuages décorer,
sortir mes vidanges le samedi, les éboueurs de l'âme implorer,
j'ai un deuil à avaler, si comme ça, d'un coup, je me sevrais.

J'ai intellectualisé ma douleur.
J'ai réfléchi et calculé ma peur.

Je me suis morfondu, quelques heures.
Maintenant, je vais évacuer mon coeur.

J'ai besoin de peau ou de tendresse, les deux,
je prendrais bien la première occasion si je peux.

Ma tristesse ne sera pas noyée de mes ébats,
dans ma tête, mon coeur, mon corps, moi.

Ce deuil qui d'une manoeuvre chirurgicale on abat,
je n'y croit point mais je l'attaque, comme si hors moi.

Le plus douloureux, je dois avouer, alors, c'est d'être lucide.
De savoir que des mes excès je ne trouverais que du vide...

De la solitude de mon état, pas vraiment d'autres choix.
Pizza all-dressed, bacon, oignons, anchois.

Mal de coeur. Prévu d'avance. Mal de tête. Aussi.
Mal à l'âme, déconvenance. Esthète déçu, mais si.

À peine une petite facette je peux partager avec autrui,
par ce moyen moderne, j'espère je me construit,
je me répand impunément devant vous, je vous instruis,
de ma déchéance émotionnelle, de mon état détruit.

Ne trouvez pas dans mes mots ainsi répandus,
trop de désespoirs, d'ampleur de désirs pendus,
je vous implore lecteurs, distance critique attendue,
la poésie de mes mots amplifie ce qui vraiment est entendu.

L'ordinaire du quotidien de la lourdeur de l'être,
le normal du malheur autre côté de la médaille maître,
flipside obligé, le pile du face, savoir reconnaître,
que la tristesse du bonheur n'est qu'idée contrefaite.

Si je m'expire en mots douloureux et langoureux,
si je calcule la portée de mes syllabes et de mes trop peu,
si je me délecte à vous communiquer mes tristesses de preux,
c'est que j'espère du moins, ensuite, s'entends, paraître heureux.

Que retenir de mes mots futiles, de ma dérision publique?
Que faire de ma confession, utile? De mon désir inique?

Rien. Rien. Non j'avoue rien. Vous êtes accessoires.
Sérieusement. Ça se passera quelque part ce soir.
Vous n'y serez pas. Je sais d'avance. Espoirs. Déboires.
Mauvais réflexes assumées. Encore à boire!

Encore. Jamais. Toujours. Éternité. Absolu. Espoir.
J'ai trop de trops en moi. Je broie du noir.

Trop de mots. Trop de rimes. Trop de frime.
J'ai la musique dans mes oreilles. J'affirme.

Je pars maintenant, je vous ai tout dit.
Demain, je vous promet, tout je dénie.

Ainsi perdu, j'ose espérer me retrouver. J'ose. Prose. Dose. Comatose. Rose. Chose. Cause.

Je suis le chevalier sans cause,
armé de son épée d'idéal et de son bouclier de roses,
chaque jour je me convainc,
que le dragon je vais occire demain.

Mais chaque matin,
chaque fois que je veux me prendre en main,
chaque fois que je le dis,
quand je me lève c'est aujourd'hui.

Alors je recommence. Chaque jour.
J'espère, demain, peut-être, toujours.

Mais, honnêtement, je peux vous dire?
Si dans mes mots, mes maux je peux maudire,
c'est ici que se retrouve, forcément, le pire,
pour de vrai là, au quotidien, mes angoisses sont délires.

Tant de mots. Tant de maux. Tant d'émo.
Pour rien. Pour me faire accroire que j'existe.
Ailleurs qu'en moi-même, que je persiste.

Coincé entre Descarte et Baudelaire.
Calcul philosophique et spleen, de l'air!

Coincé entre mon accent Québécois et l'idéal du langage,
idéaliste, oh oui, contemporain, j'espère ciboire!

Ici, j'avoue, j'ose être tellement plus que ce que j'oserais prétendre.

Ici, pour vous, prose cruellement intime et beaucoup trop tendre.

Ici, c'est fou, cause éternellement vaine, j'ose m'étendre.

Ici. Ailleurs. Heureux. Triste. Alors? Répendre.

Reprendre.

C'est tout.
C'est fou.

C'est certainment lucide, oui.
C'est probablement aride, aussi.
C'est vraiment déride, si, si.

Peu importe. J'ai une cicatrice au coeur qui saigne.

Et comme un idiot. Comme si je ne savais pas autrement.
Comme si j'ignorais les dommages. Je vais aller la noyer, prestement.

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