Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/09/19

 

Comme un cheveu sur la soupe

Depuis que je vous ai écrit que c'était surréaliste que la mère de mes enfants me déclare que j'avais l'ai d'un rocker, j'arrête pas de penser à ça. Je n'en dors pas, j'obsède, je me dis que vous devez avoir une image ternie de mon pauvre moi depuis cette déclaration choc. Hehe. Pantoute. J'vous niaise.

Mais malgré tout, vous ne pouvez pas saisir la pleine portée du commentaire sans un peu de contexte historique. Et puisque que c'est exactement le genre d'histoire colorée et sans grande importance pour l'amélioration de la condition humaine sur la planète, et surtout, surtout, parce que parler de moi c'est ce que je fais ici (pas juste ici, mais ici c'est moins pire, c'est un des objectifs de l'endroit) je vais vous déblatérer le pourquoi du quoi (c'est ça) et la manière du comment (ça se dit ça? ça s'écrit en tout cas).

Et après cette phrase d'une parenthèséitude assumée, oui, oui, si Nelly Arcan fait des phrases d'une page et demi (avec des virgules partout et pas des points) pour exprimer le train fou de ses pensées et nous plonger dans le délire qui habite sa putain, je peux bien (et même si je ne pouvais pas) vous faire sévir toutes les parenthèses qui sont dans mon cortex mémétique (buzzword!) digne du Xanadu de Ted Nelson (pas celui d'Olivia Newton-John). Je suis prétentieux de même...

Alors, alors, ou en étions nous avant ce paragraphe lui-même parenthèse? Avant cette élipse de précision, avant cette interruption au cours de mon récit? Si j'avais un éditeur, ce paragraphe aurait été scrappé. J'en ai pas. J'en veux pas. Désolé pour les puristes, mes billets sont truffés de rallongis et des fautes d'orthograppes aussi. Grappes parce qu'une ne vient jamais seule. Ça commence à ressembler à un gars qui ne veux pas vraiment raconter son histoire, qui tourne autour du pot (aux roses), qui étire le temps pour passer à un autre sujet là, finalement. Mais je ne suis pas si con, je sais bien que vous avez tout votre temps, non mais sinon, qu'est-ce que vous faites à lire mon blogue!

Donc. Dis-je. Écris-je. Il y a jadis longtemps, disons environ le 23 janvier 2003 pour prendre une date comme ça au hasard, mon couple foutait le camp et prenait l'eau de manière critique. En fait, le couple, parce que le mien il n'existait plus. Le notre non plus. Usé. Fatigué. Magané. Pas résisté. Dans des circonstances dignes d'une autre billet, j'étais amené à conclure que c'était kaput. On avait bien essayé de persévérer. On avait quand même réussi à faire trois magnifiques enfants, dans tous les sens du mot (seuqifingam?!). On avait quand même eu de belles années. Des moments fantastiques dans tous les sens du mot (seuqitsatnaf). On avait passé aux travers des automnes de difficultés et des printemps d'espoirs. Mais nous étions maitenant dans un hiver qui n'en finissait plus. Comme si l'été n'existait plus, dans tous les sens du mot (été).

Alors, disons comme ça le 23 janvier 2003, j'ai su que notre union, notre communion, entamée un 23 décembre 1991 sur des airs de Nirvana au chic Bar Chez Maurice de St-Lazare, où même les pseudo-cowboys modernes avec des bolos et des bottes qu'eux seuls savent porter, tout comme leur coupe Longueuil, où même ce soir là les cowboys s'entrechoquaient aux pseudo-grunges que nous étions, avec mes jeans mauves et mes bottes à 14 trous que seuls ceux-ci peuvent porter, tout comme leur coupe pearljamesque, mieux décrite comme cheveux longs laissés à eux même, ce soir là, à bout de souffle je dois l'avouer, ce soir là, nous nous sommes enfin embrassés, après des mois de convoitise commune, d'union d'âmes et de complicité. Tout ça là, c'était fini maintenant.

J'avais le souvenir des regards que nous nous échangions, ce soir là, ou elle m'avait téléphoné pour me dire, viens me rejoindre, j'y serais. Ça m'a marqué. Une femme qui prends les devants, plus vite que moi et mieux souvent, effrontément un peu, ça m'allume encore aujourd'hui (prenez-en note mesdames). J'avais remué ciel et terre, enfin pas vraiment mais quand même emprunté 40$ à mon frère et difficilement convaincu JF que sa Pinto tiendrait le coup, avec des arguments massue (je paye la bière, et en plus Isabelle sera avec son amie Claudine... tu sais, elle là!). Bon, même sans cet argumentaire solide il aurait probablement acquiescé, qu'est qu'un gars (de 19 ans) peux faire un dimanche soir à Châteauguay, quand la rivière est rendue tellement brune que plus personne ne va s'y faire pendre les pieds au bout du quai? Non mais. C'est ça. Nous nous sommes engouffrés dans sa mythique pinto blanche et jaune et avons affronté la route (45 minutes, on roulait pas pire vite) avec Jim Morrison qui défonçait les speakers. The future is uncertain and the end is always near...

Et bien sûr elle avait eu une bonne raison de me téléphoner. Elle voulait un lift... Elle est comme ça, elle demande, si elle a besoin. Raison de plus de convaincre mon comparse parce que j'avais déjà dis oui à la demoiselle et que je n'avais pas de voiture. Mais ça JF était pas obligé de le savoir avant qu'on parte (hehe, je pense qu'il viens juste de l'apprendre là pour être franc!). Arrivé à sa maison, curieusement située sur un rang pour une fille si urbaine (elle détestait la campagne) c'est sa mère qui viens nous répondre. Wow. Je connais dorénavant la provenance de ce sourire mortel. Heu, bonjour...soir... madame. Ah tiens, c'est toi ça Sylvain. Euh oui! Je t'imaginais d'une locution plus fluide pour avoir ainsi charmé ma fille, jeune homme. Zut. Je fais quoi là? Hehe. Mais c'est l'éclat de votre sourire qui m'assène madame, que je rétorque avec le plus beau des miens sur les lèvres. Clin d'oeil complice qu'elle me fait. Isa, tes amis sont arrivés! Ok, on arrive. Et là il y a eu comme un ralenti de la vie, elle descends les escaliers et j'entends Foxy Lady de Hendrix.

Sa mère, juste au moment ou nous franchissons le pas de la porte, me dit : Sylvain, prends en bien soin de ma fille. Et c'est à ça que j'ai pensé en premier ce 23 janvier 2003 au soir. J'ai tout essayé Louise. Mais j'ai pas réussi...


(la suite plus tard, c'est juste la moitié de mon histoire d'aujourd'hui ça... Ok, je pense qu'on est rendu plus tard, voici la suite)

Alors voilà. J'ai su. J'ai su que c'était fini. Comme ça. Sans tambours ni trompettes ni orgue lugubre ni violon lancinant. Elle n'était même pas là. Encore partie. Scénario des derniers mois et des suivants. Sauf que maintenant, moi aussi je partais. Et comme ça, comme pour refaire le scénario d'antan, nous partions. Nous étions encore dans la même maison, avec les même enfants, les mêmes tracas, les mêmes soucis, mais on savait que c'était fini. Si on ne savait pas complètement, on savait au moins assez. À 51% encore on doute. Mais rendu passé 80%, ça commence à être douteux comme retour. On se pardonne combien de fois avant de perdre le respect? On se déteste combien de temps avant d'abdiquer? Aujourd'hui, pour être plus pratique avec ma mémoire et pour que ça soit plus facile à raconter, je mets une date.

Mais ça avait commencé à partir il y a quelques années. Quand elle me disait, on s'est marié trop jeune. Je n'était pas prête. D'avoir eu notre fille, ça on ne le remettait jamais en question. Mais de s'être engagé devant Dieu et les hommes, à 21 ans, c'était trop. C'était étouffant. Alors elle est partie prendre de l'air. Moi aussi. En parallèle, nous nous sommes disjoint. Et le plus drôle de tout ça, c'est qu'elle changeait, moi aussi. Drôle pourquoi? Drôle parce qu'elle devenait de moins en moins celle que j'avais aimé à l'époque, de plus en plus vite. De mon côté, je retournais à ce que j'avais été avant elle, pas que j'abandonnais mes responsabilité au contraire, mais je retrouvais celui que j'étais, celui que j'avais perdu, celui que j'avais sacrifié (à tort) pour elle. Peut-être celui qu'elle avait aimé et perdu en chemin elle aussi.

Et je me suis mis à me laisser repousser les cheveux. J'ai maigri. J'écoutais beaucoup de musique, me suis racheté un discman (qui joue des CDs de mp3 quand même, j'avais pas de cash pour un ipod). Et je me suis mis à recommencer à sortir. Enlevé l'anneau à mon annulaire gauche, annulant ainsi la raison de sa dénomination, faire un doigt, c'est pas juste avec le majeur. On se séparait la garde des enfants tout en habitant dans la même maison, mais pas dans le même lit, oh non, pas dans les mêmes horaires, pas dans les même dispositions. Et pour fuir cette vie, parce que par grand bouts je devais résister pour ne pas m'enfuir à tous les jours, je devais m'occuper de mes enfants, je n'étais quand même pas pour capituler là dessus, c'était le plus important, la seule chose que je pouvais prétendre avoir un peu réussi, ces enfants, alors on s'évadait chacun son soir dans les bars de la ville, pour fuir la banlieue, pour fuir la vie trop lourde, pour fuir l'autre.

Ironie du sort, parce que le sort c'est ironique de nature, on se retrouvait à 500 pieds l'un de l'autre quand on sortait le même soir si on avait trouvé une gardienne. Elle au bar St-Laurent, coin St-Laurent et St-Viateur. Danser les rythmes du monde et coller sa peau sur des teints basanés, qui savaient danser toutes ces horreurs que je déteste, la salsa, le kompa, le merengue et ces musiques exotiques venait enterrer les platitudes qu'ils lui racontaient pour la séduire, elle en reine assumée les avaient tous à ses pieds. Ou ailleurs, sûrement. Un coin de rue plus haut, St-Laurent et Bernard, j'allais au Syndrome, recommandé par Fred, l'ex chum de la cousine de l'ex rencontré dans mon dernier souper de Noël avec sa famille. Bar alternatif, bruyant, j'allais me lancer dans le moshpit sur des riffs électriques, dévorer des yeux des suicide girls, des filles punk pas de seins, leur peau bardée de métal et d'encre, qui me crissaient des coups de pieds dans les chevilles quand je leur racontais mes âneries, coup de pieds qui voulaient dire embrasse moi l'idiot, arrête de parler.

Ça aura duré quelques mois de vie en pistes rectilignes, en parallélisme brut, pour qu'enfin on décide que c'était con de vivre dans la même maison en même temps (dans la même maison pas en même temps c'est difficile aussi, mais c'est terminé maintenant). J'ai recommencé à écrire, beaucoup. J'avais perdu ça aussi. J'ai fait le point sur ce que j'étais devenu, ce que j'avais compris, ou je voulais aller. En théorie. J'ai refait le plein d'ambitions, de rêves, d'espoirs. J'ai apprivoisé ma solitude (pas complètement) et j'ai trouvé que j'aimais bien ce que je devenais finalement. J'étais prêt à refaire ma vie. Lentement. Sûrement. J'avançais.

Parfois, comme samedi dernier, je vais encore dans le moshpit du Syndrome. Mais ce n'est plus comme avant. Parfois, quand je suis triste comme ce week-end, je me fais accroire que si je suis ben saoul, si je me garroche dans la mêlée du plancher de danse ou dans les bras d'une inconnue, je vais sevrer la douleur qui me hante, encore. Mais je pense que j'ai appris quelques leçons dans les dernières années. Quelques. Samedi, j'ai encore trop bu. Je n'ai pas vraiment apprécié le moshpit, ça ne me faisait plus d'effet. Je n'ai pas échoué dans les bras d'une jolie jeune inconnue, je n'en avais pas envie du tout. Pas du tout. J'avais des envies d'écrire, de vivre, de rire, mais samedi, je ne pouvais pas. Je vous raconterais une bonne fois pourquoi. Mais ça n'a aucun rapport avec la fille de Louise. Plus maintenant. Ça n'a aucun rapport avec mes cheveux longs non plus. Ça n'a aucun rapport avec la musique. Avec mon écriture récente oui. Mais ça vous savez tout ça...

Comments:
Ouf ! parles moi d'un défoullement mentale en règle... En lisant ça, je me sentais sur le bord d'une table de pool (te clanchant au snooker :P ), pinte de rousse à la main...

Ahh ma Pinto.. que de nostalgie et de bons temps... Tu te souviens qu'il fallait litéralement la brasser pour qu'elle démare !! lol
 
Moi, l'image que j'ai, en ce moment, ça donne pas mal plus dans le Wayne's World... Sly & Jef en Pinto... J'entends pas Foxy Lady, mais OUHOUhhhhh Dreammmm Weaverrrr...

J'suis littéralement en train d'effacer le blanc sur la touche «refresh» de mon rss, rienque pour savoir si la suite est là.

(lainég)dans tous les sens du mot, le Rocker !
 
Wow.

Intéressant tout de même ta vie. Très bien raconté.

T'as vraiment un talent pour raconter la vie, toi.

Bonne journée, le Rocker :)

Vanille :)
 
Ha! Les non-relations...
 
Jef : n'importe quand le snooker. Je te remémore que tu m'as déjà voyagé toute une session de cégep gratis de Châteauguay à Valleyfield pour payer une seule game de snooker ou je t'avais fait manger tes bas pas à peu près.

Il y aurait au moins 3-4 billets à écrire sur ta pinto, c'est un personnage à développer ça, quelque part entre Christine la voiture possédée de King et Herbie la coccinelle (quoi? quoi? je délire pas du tout, elle était jaune acide sa pinto).

Intellexuelle : Wayne's World. J'avoue, parfois ça ressemblais à ça. Parfois ok? Pour ce qui est de l'addiction à mes mots, il n'y a pas de remèdes connus, sauf une indigestion de ceux-ci, ça viendra sûrement.

Miss Vanille : Merci. C'est juste des petits bouts de ma vie. Je dois avouer que ceux-ci sont choisis parce que ça demande très peu d'effort à romancer, à l'état brut ils sont chargés...

CFD : Ouain. Mettons. Mais je ne suis pas d'accord avec ton expression, c'est une extension au premier degré de l'autre et c'est faux. Ça implique une absence alors que c'était tout le contraire. Je pense qu'on se comprends...
 
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