Je dois m'y résoudre, je ne suis pas un banlieusard. Si j'y suis, c'est accidentel. Contrairement à
Martine, qui s'y retrouve après tant de montréalitées (et oh ironie, qui a sa chronique hebdo dans le journal de montréal depuis plusieurs mois!), je suis plutôt dans la situation contraire. J'ai vécu trop de banlieue dans mes dernières années, j'ai soif de ville.
Actif dans ma grande maison vide cet après-midi, j'appercevais mes voisins agglomérés au coin de la rue au travers mes vitres qui auraient sérieusement besoin d'êtres lavées. Je les entendais aussi, fenêtres sales mais ouvertes toutes grandes quand même, raconter n'importe quoi de tout ce qui ne m'intéresse pas... Je me disais que Brel, s'il avait habité ma banlieue au lieu de sa localité de France, il aurait composé les voisins au lieu
des bourgeois. Mais bon, ça va, Meunier à fait le travail admirablement pour ça (est-ce que ça fait partie du patrimoine mondial
quand c'est disponible sur amazon.com?)
En tout cas. Après ma session de tondeuse qui dure un CD et demi de system of a down (ça vous donne une idée de la superficie, non mais, à fond, ça enterre le moteur de ma tondeuse correctement, et ça donne certainement un swing supplémentaire dans les dénivellation de mon terrain, et oui, j'avoue, avec mes écouteurs
in-ears, je pourrais passer une petite bête de presque campagne dans mon moteur de bête-à-gazon sans m'en rendre compte, mais hey, c'est pas une tondeuse de fif que j'ai là, je ne connais rien dans les moteurs, mais ça tire pas à peu près, banlieue oblige, et non, ce n'est pas un jugement de valeur sur les couples homosexuels qui peuvent bien avoir une tondeuse respectable aussi, c'est simplement l'utilisation d'un péjoratif chargé pour faire accroire que je suis un macho mécanique, malgré mes si longues parenthèses, mais qu'est-ce qu'on va faire avec ce cerveau débridé et déridé, comme un étalon apache incontrôlable? Non mais! Quoi donc!).
Faut le faire pareil, des commentaire parenthésiques 12 fois plus long que la phrase qui le supporte. C'est pas scientifique comme mesure, ok? Mais le questionnement reste entier.
Alors oui, perdu dans ma banlieue trop loin, à faire des trucs de maison nécessaires mais plates (mais pas tant que ça, ce billet a été composé entièrement pendant la tonte dudit gazon), à repenser que mes voisins m'emmerdent et que si je déteste tant la banlieu c'est en grande partie à cause d'eux, eux qui me regardent tout croche quand je vais au dépanneur acheter du lait à pied ou en skate, eux qui se révulsent que je n'ai pas de voiture stationnée dans mon entrée pas asphaltée assez récemment à leur goût, eux qui se demandent pourquoi certains soir aucune lumière ne s'allume dans ma chaumière (j'suis pas là, personne non plus, probablement que je dors au bureau par dépit d'un meilleur pied à terrre, mais ça viendra), eux qui trimment leur haies trop bien et qui sont caricature de tout ce qui me déplait tant de cette monoculture de région...
Eux qui supportent leur misérable couple avec tant que compromis que ça m'en donne envie de vomir, du mien qui n'est plus par intégrité, que je respecte tant de la mère de mes enfants, parce que c'est cette intégrité qui fait qu'on a pas décidé de continuer à se raconter des fausses histoires pour se faire à croire, parce que sinon, on construit rien de valable et qu'on ne va pas supporter une telle médiocrité, mais ces voisins ils me la larguent à voix trop haute cette médiocrité, et si j'ai des écouteurs dans mes oreilles quand je suis dehors, si je n'ai pas envie de parler avec vous sur le coin de la rue ou par-dessus la clôture, c'est que mes idéaux ne peuvent pas le supporter, c'est que je me demande ce que je fais ici...
Mais je trouve la paix aussi dans ce gazon fraîchement coupé, dans chacune des chambres de mes enfants qui s'amménagent à leur goût, dans ce petit bout de rue en cul-de-sac avec un parc au bout, une rivière, mulitude d'arbres et d'oiseaux. Tout n'est pas que gris. Et le boucher du coin de la rue, la bagelrie ou je vais déjeuner souvent, la saucisserie qui fait des merveilles à faire des cauchemards au végétariens, la petite succursale de la SAQ avec ses vins californiens, australiens, espagnols et trop peu de bières importées, le vieux petit monsieur du dépanneur la matin qui demande toujours des nouvelles des enfants et la jeune demoiselle du soir au même endroit qui rigole encore de me voir arriver en planche à roulette et que me fait des clins d'oeils coquins sympatiques et sans prétention (hey, on est lucide hein, elle a 19 ans et moi 33, ça aide d'être lucide dans l'évaluation des rapports, hein?). Et tout ça.
Et tout ça. Et ma solitude de voisins et ma voisine nouvelle qui m'énerve d'être trop gentille, mais que voulez-vous c'est une madame avec une petite fille, en plus elle aussi est séparée, mais je n'ai rien en commun avec elle sauf qu'on mets nos vidanges au bord de la rue le même soir, et j'ai soif de mes vrais voisins, de ceux qui sont sur ma liste de liens juste là à droite sur mon blog, ce sont eux que j'espère entendre trop tard le soir ou trop tôt le matin ou le samedi comme ça en fin d'après-midi...Et elle est vraiment relative ma solitude, vraiment, parce que ces voisins là, c'est voisin
virtuels, ils sont tellement plus présents que mes voisins sur ma rue. La vraie vie, elle n'est pas contrainte aux adresses postales. Pas en 2005. Pas pour moi.
Merci à toutes mes voisines, mes voisins, qui sont eux-même pour de vrai, dans cet espace qui est mien. Je sais qu'il ne sont ici qu'en partie, je sais que ce ne sont que quelques facettes qu'ils nous exposent, mais c'est tellement plus vrai, plus sincère. plus réel pour moi que toutes ces assemblées de voisins ou je suis étranger, que toutes ces conceptions défaitistes et ces abandons d'idéaux, ces concessions de je ferme ma gueule de ne pas trop déranger, de ne pas faire trop de bruit, de mourir en silence de le bruit trop dérangeant des banalitées qu'ils profèrent. Un jour, voisins, voisines, je vais tous vous inviter dans ma banlieue. On va faire un party pas d'allure, la police va venir parce qu'on va déranger l'ordre public, on va ré-inventer le monde ensemble plusieurs fois, on va rire trop fort, boire et manger sans retenue, baiser dans les bosquets parce que les maringuoins sont partis maitnenant, on va se raconter tout ce qu'on aurait aimé être, tout ce qu'on est, tout ce qu'on espère encore devenir...
Un jour, peut-être. Pourquoi pas? Hehe. :)
Ce n'est pas drôle d'être réduit à conclure par un sourire ascii. Un smilie. Non, c'est drôle. :)
Je peux entendre un lol quelque part au moins?