Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/08/20

 

Épopée du samedi au centre d'achat...

C'est officiellement la rentrée. La rentrée, commence en effet par le rituel premier, le stade zéro, les prémices du retour aux temples du savoir: le magasinage de la rentrée. Depuis 2 ans, c'est un rituel qui se sépare en deux moitiés, soit celle effectuée religieusement par mon ex et celle que j'accomplis comme un sacrifice aux dieux à l'intersection du commerce et de l'éducation. La majorité des items scolaires ayant été accumulés cette semaine par le mère de mes petits prodiges (que dis-je, prodiges, sont fuckin brights!) il me restait ce week-end à trouver les items manquant et à vêtir la marmaille de nouveaux atours, au goût du jour. Moi qui déteste magasiner...

Mais je suis un brave, mon honneur de père ne se laissera pas abattre par une foule en délire dans les centre commerciaux de banlieue ou par la déferlante d'excitation des mes flots. Excitation, cette fois ci est un mot bien faible, ma fille débutant le secondaire cette année a hâte à l'école depuis la fin juin et mes garçons commencent à avoir envie de plus d'enseignement que ce que je peux prodiguer tout seul (même si on est toujours en apprentissage eux et moi, vous auriez du entendre la leçon d'architecture de la semaine dernière dans le centre-ville ou les discussions philosophiques entre Jacob et moi sur les valeurs intrinsèques à la chanson "j'essaye d'arrêter" de Damien, au top de Musique Plus, je vous en reparle, ça vaut la peine).

C'est donc pompés d'espoirs d'acquisitions et de consumérisme à m'en lever le coeur (une autre leçon pour ce matin me dis-je) que nous nous sommes dirigés (par voie de transport en commun) vers la Mecque du magasinage de notre banlieue nord, la place Rosemère. J'étais prêt. Couché tôt et bien reposé (hehe, ouais, me semble, levé tard plutôt!), calme, serein, conscient du drain majeur qui allait s'opérer sur mon portefeuille, je revêtais une insouciance peu commune (pour de telles circonstances). Sur notre liste, des souliers pour les trois, des pantalons (lire "des jeans"), des chandails à manches longues et des kangourous à capuchons, un sac à dos encore manquant pour Raphie, des sous-vêtements en quantité pour les garçons (ça aide à faire la lessive moins souvent, de tout manière, les bas c'est conçu pour se perdre, un à la fois). D'autres trucs aussi, un grande poêle pour le papa cuisinier accompagné d'un nouveau plat creux anti-adhésif pour le four (l'ex ayant réclamé le précédant, pis j'avais pas envie de me battre pour si peu).

Malgré mes tendances de gauche, le pragmatique en moi a quand même opté pour le walmart afin de réaliser un maximum de hits sur notre liste avec un minimum d'efforts. Ce fût un succès, 90 minutes dans la place, deux paires de souliers et des vêtements assez chouettes pour les gars (mais pour ma fille, pas question, c'était pas son style, ça va, elle a raison). Des casquettes à 3$ en primes pour les boys et la nouveauté de l'année, des chandails vendus avec des bébelles accrochées après (mini-skates et petites moto, marketing efficace auprès de la jeune clientèle cible). 12 paires de bas juste entre les deux (ils on 18 mois de différence, c'est pratique) ainsi que les deux trois trucs scolaires qui manquaient à ma fille, raquette de badminton incluse.

Ensuite, dîner pas très enlevant aux restaurants de la cour centrale, diversité dans la famille, trois restos pour satisfaire tout le monde, du chinois pour Raphie, du A&W pour Benjam et du Libanais pour Jaco et moi. Ensuite, trouver des souliers pour Jacob. Merde c'est pas achetable dans les magasins de souliers sportifs, à la vitesse qu'il passe au travers de ses paires de godasses, pas question de payer 100$! On a rien trouvé après 3-4 magasins. On passe aux articles suivants, 2 ceintures chouettes pour ma fille, parce que cette année elle porte un uniforme à l'école (en fait ce sont des morceaux coordonnés, un demi-uniforme peut-être).

Ensuite Jacob Junior, *son* magasin, ou elle magazine pour la dernière année cette fois parce qu'elle porte le XXL de petite fille. Wow. Elle a du style ma fille. Je l'oriente vers du plus foncé cette année, elle trouve que ça lui va très bien. Puisque c'est la fille à son père, on achète deux fois plus de choses que prévu, mais ça lui va si bien. En plus, il y a un genre de bar avec tabourets et télés à l'entrée, les gars sont tranquilles! Ah elle est trop mignonne ma fille, elle me fait penser à tout ce que j'ai aimé de sa mère et qui s'est perdu depuis des années. Elle est radieuse aussi, magasiner c'est son sport préféré et c'est pas souvent que je suis si coopératif.

Je me surprends à me dire que les mamans dans la place sont ben trop vieilles pour moi et les vendeuses ben trop jeunes, je suis dans un non man's land masculin là, pas un seul autre père à l'horizon, statistiquement ça devrait m'avantager! Mais j'ai pas envie de chercher les regards et de les soutenir, je pense à celle qui me chavire même si elle n'est pas là. Elle me hante un peu je dois dire, j'en suis très conscient et très heureux... Elle le sait aussi, mais je lui rappelle, au cas ou elle me lirait. Juste au cas. On ne sait jamais.

Ensuite, en passant par La Baie pour sortir de cet endroit qui a épuisé toute ma patience (et avant que ça paraisse!) on tombe sur la section des souliers ou Jacob trouve des Airwalks... "hey p'pa des souliers de skate ici! on est super chanceux!" (même pas cher en plus que je pense en calculant combien la journée à coûté à date, une chance que je les aimes!). Dernier item de la liste rayé. On ré-arrange nos multiples sacs en attendant l'autobus, ou on rigole sur le chemin du retour, heureux, repus, contents d'avoir tout trouvé, au goût de chacun, à peu près dans les limites budgétaires établies (ouain) et ça sent le neuf, odeur caractéristique de la rentrée.

Pizza du coin de la rue pour souper parce qu'on a pas eu le temps de faire l'épicerie (tsé!), la spéciale bois-des-filion avec sauce à spaghetti et bacon. Miam. Je regarde mes enfants au salon en ce moment, devant les Simpsons, aussi sarcastiques et caustiques que leur père, j'en suis fier. Mon logiciel de texte (Smultron pour les curieux) me dit que je suis rendu à plus de 6000 caractères, pour raconter une journée pas si compliquée. Toute banale. Sans accrocs, feux d'artifices, drames ou gloires. Si ça m'avait pas coûté si cher, j'aurais dis "petit samedi". Hehe.

Mais finalement, ça a coûté bien peu. Ils sont raisonnables. Ils ont été très gentils, polis, souriants. Ça doit être pour ça que je souris aussi. Probablement. Peut-être aussi que j'ai envie d'aller téléphoner à celle que j'aime. Peut-être qu'elle attend mon appel. Peut-être. Qui a besoin de certitudes avec de telles suppositions?

Comments:
Ça transpire l'amour ce billet là! :-)
C'est très touchant Sylvain.
Merci
 
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