Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/08/23

 

La rage au coeur

C'est par un échange courtois que le tout avait commencé. Qu'est-ce tu fais là, t'es pas parti? Pas encore, mon rendez-vous est plus tard. Joie, ça va péter ce matin je le sens. Effectivement.

Engueulade à propos d'une maison pas assez à l'ordre. Détail mineur rétorquais-je. Pas assez à l'ordre c'est relatif, passe le balai pis crisse moi patience.

Ça monte d'un cran.
- Irresponsable!
- Hystérique!
- Con
- Folle
Ça monte de plusieurs crans.

On se déteste visiblement. SVP, pas devant les enfants. Aye, ça va faire mal. Elle monte encore le ton. Je déteste. Je monte le mien. Arrête de crier imbécile qu'elle me dit. J'suis pas surpris, on l'a eu milles fois cette engueulade de rien qui détruit tout, c'est sa stratégie classique.

Stratégie alternative, fermer sa gueule. Rien dire. L'ignorer. Mais je sais ce que sa provoque, ça aussi. C'est encore pire. Elle me déclame encore des insanités. Sans fondement en plus, mais on est pas ici pour laver son honneur, on tente de minimiser les dégâts. Esti que je l'haïs là, je ne sais pas comment je l'ai aimé. En fait je le sais très bien que sa fougue et son front et son caractère je l'ai aimé sachant très bien qu'un jour il pourrait se retourner contre moi. Ça fais longtemps que ce jour est passé.

Les calisses et les tabarnaks dévastent complètement,
l'ego de l'autre dans ses moindres crevasses et plaies,
on se connaît beaucoup trop pour s'affronter en s'il-vous-plaît,
on se déchire et s'éventre et se lacère parfaitement.

Combat familier et navrant, qui devrait être chose du passé,
affrontement de mots violents, de sentiments trépassés.

Mais puisqu'on est des passionnels intempestifs prompts et intenses,
l'orage est toujours violemment même si jamais de longue durée,
elle me frappe parce qu'elle sait que je ne pourrais endurer,
je ne ferais pas de même, elle le sait, mais elle sait que j'y pense.

Elle apprécie, la bête, me torturer ainsi, c'est viscéral,
je lui souris et ça fait encore plus mal, elle n'aime pas mon regard,
elle sait que je lui prépare l'assaut final, recule, l'oeil hagard,
je lui assène le coup fatal, du ton résolument guttural:

"T'es folle. T'es hystérique. Oublie tes enfants. Je te les enlèves".

Je suis con comme ça. Provoquer ainsi hordes de démons qui l'habitent,
me semblait une ruse de guerre digne des grands et sages samouraïs,
la colère qui s'en suit je la connais aussi, je sais qu'elle déraille,
si je veux l'avantage, machiavel que je suis, provoquer flambée subite.

Elle est maintenant déchaînée, hors d'elle, furie apocalyptique,
me menace du mal suprême à son tour, un magistrat à son avantage,
avocats, poursuites, destruction légale, facile à prouver qu'elle rage,
les pères sont perdants d'avance, dans notre système de justice pathétique.

Beaucoup de mots pour décrire tout ça, comme si dans un film d'horreur,
j'avais plongé ma main gauche dans ses tripes et la droite dans son coeur,
et dans une scène des plus gore avec l'organe qui palpite dans ma main,
j'en avais pris une bouchée sanglante, dégoulinante du plasma qui est sien.

Elle persiste et résiste et attaque et tourmente et dépasse les bornes, encore.
Bornes inexistantes depuis longtemps de toute façon, nos échanges sont hardcore.

Devant les enfants en plus, on est des calisses de pas d'allure,
honnêtement, le pire de moi en ressort, d'elle aussi, pour conclure.

Mais ce n'est pas la vraie conclusion, après j'ai du consoler les petits,
avec en arrière-plan éhonté leur maman, qui décompressait pas trop doucement,
ils pleurent et ils ont bien raison c'est trop triste des parents, sacrament,
qui ne peuvent pas contenir leurs délires, travers et vices abrutis.

Ensuite, j'ai quitté cet endroit. La tristesse et la honte collées sur moi.
L'envie de tout crisser là, vie maudite, colère subites, aller me pendre,
c'est ça, pour en finir avec ces scènes injustes qui viennent surprendre,
l'idéal que je tente de construire, malgré les cauchemars de mon surmoi.

Je n'irais point mettre fin à mes jours, pour plusieurs bonnes raisons,
vous n'entendrez pas prononcer d'une voix monotone la funèbre oraison.

Parce qu'ils ont besoin de leur père,
malgré tous défauts qu'a trouvé leur mère,
m'élever difficilement, malgré mon teint blême,
au dessus de tout mes tourments, je les aimes.

Comments:
Ouch.

Tu viens de décrire mon enfance. Sauf que moi mes parents ne se sont jamais séparés. Ils étaient trop accros à leur crise (quotidienne dans leur cas).

Vraiment pas facile. Pour les parents comme pour les enfants.

Scuze-moi si je ne me mêle pas de mes affaires mais je te conseille un livre, a cas où ça pourrait aider:
http://www.amazon.ca/exec/obidos/ASIN/0393315320/qid=1124831956/sr=8-2/ref=sr_8_xs_ap_i2_xgl14/701-1778126-5138750

Intimate terrorism, par Michael Miller
Malgré son titre, ce n'est pas de la pop psychologie. Ça n'apporte pas de solution mais ça amène sur de bonnes pistes.

Lâche pas.
 
:-(

Non mais y'en a tu pour qui ça se passe mieux que ça?

Ca date de longtemps votre séparation?

En tous cas, tu viens de me décourager de partager le grand appart ici pour éviter de changer les enfants de place. J'étais pas trop chaude à l'idée déjà, maintenant, je suis totalement refroidie!
 
alors ca c'est très dur comme message.
moi qui avait parfois l'impression que mes parents s'engueulaient tout le temps et que ca allait peter, bah je vois que ta situation est bien pire...
 
Publier un commentaire



<< Home

Archives

2003-01   2003-10   2004-03   2004-07   2004-08   2004-11   2004-12   2005-01   2005-03   2005-04   2005-05   2005-06   2005-07   2005-08   2005-09   2005-10   2005-11   2005-12   2006-01   2006-02   2006-03   2006-04   2006-05   2006-06   2006-09   2006-12   2007-02   2007-06   2007-07   2007-12  

This page is powered by Blogger. Isn't yours?