Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/08/21

 

Déboires de banlieue

Je ne sais pas ce qui m'a pris. Ça doit être le fantôme de mon ex qui rôdait dans la maison, mais j'ai comme eu l'impression que je devais me mettre à la tâche et peindre la rampe en fer forgé de l'entrée du côté de la maison. Oh boy. Quelle mauvaise idée. On me déclarait, lors d'une conversation téléphonique la semaine dernière: "c'est drôle, je ne t'imagine pas en banlieusard qui peinture sa gallerie". Moi non plus. C'est ça le problème.

Mû par cette force mystérieuse de la liste des trucs à faire imaginaire, j'ai donc empoigné mon pinceau cheap du magasin du dollar (en fait j'en avait trois, je savais qu'ils étaient cheaps) et mon litre de "corro-stop vert forêt" et je me suis attaqué au premier barreau. Ce qui est long avec le fer forgé c'est que ça a quatre côtés pis que ça tourne tout le temps. Ma peinture, au soleil agglutinais, dégoulinait. Moi je sacrait, ma mémoire se souvenais maintenant pourquoi l'année dernière je n'avais pas fais la rampe de l'entrée du côté après avoir fait celle d'en avant. J'haïs ça pour mourir!

Vers les quatrième barreau, je me suis rendu compte que ça faisait une heure déjà que j'avais commencé. J'ai eu une très mauvaise idée alors, j'ai compté les barreaux, histoire d'avoir un total et d'estimer la durée du travail... 84! Il y en avait quatre-vingt-quatre! Argh! Je me suis dis que je n'avais pas la bonne technique. Que j'aurais dû embaucher un jeune en vacances (hehe, me semble que j'en aurais trouvé un, sont pas si cons!). J'étais pour piquer une crise là. Ma fille arrive... "Ouain, en tout cas, ça fait des coulisses, hein?". Calisse. Oups. Heu, "sans commentaires ma grande ok? svp!". "Heu oui, t'es aussi vert que ta peinture p'pa, ça pas l'air de t'amuser trop trop là... je vais jouer chez Ari, bye!". Bye. La paix. Je déteste. Coup de pinceau. J'haïs ça. Coup de pinceau. Ça m'écoeure. Coupe de pinceau (ça va être long, je vais manquer de mots)...

Soudain, idée de génie (la mienne, quand même, j'suis pas surpris). Je vais changer de technique. En mettre moins à chaque coup de pinceau, sur une plus grande surface (manière de parler, sur plus de petites surfaces à la fois disons). Et écouter de la musique. Ouais. Piocher du pinceau. C'est ça! Au moins, c'est pas que je sois poche en peinture, j'ai déménagé 10 fois en 15 ans, ça forme un peintre en bâtiment ça monsieur, non, mais le fer forgé, en plus d'être laid (j'comprends pourquoi astheure c'est tout en PVC) c'est fuckin long à peinturlurer. Ok, de la musique. Pour du fer forgé, j'vais me mettre du métal dans les oreilles. Pas pire hein? Du vieux Metallica en plus. Je vais assassiner les barreaux sur Masters of Puppets et Harvesters of Sorrow. Oh yeah. Je serais accusé de plusieurs choses, mais pas de manquer d'idées. Mettre le son dans le fond aussi, important détail. Ha ça va aller mieux...

Mon plus jeune fils, soudain devant moi, fais comme un mime. Je ne comprends rien de ce qu'il tente de me dire. Si je lui souris, il va peut-être partir et me laisser trucider cette rampe en vert et contre tous. Non. Il reste là. Je suppose que je vais devoir stopper ma musique. "Oui? Que puis-je faire pour vous jeune homme", lui dis-je de mon air le plus je-ne-suis-pas-tanné-pantoute. "Heu je peu venir pratique mon trombone ici en te regardant peinturer?". "Non!". Paf, il accroche ma seule canette de bière de tout le frigo et il fait 35 degrés au mois d'août et elle s'écrase dans un grand fracas de mousse sur l'asphalte passée date et raboteuse de mon entrée de banlieue. Pssschiiit. "Shit", entre mes dents. "Heu, papa, j'm'excuse.". "Ça va, mais là, tu veux aller faire d'autre chose pour t'occuper, là, là?". "Oui, je t'aime, je vais jouer chez p'tit Wil". Fiou. Two down, one to go. Ça avance un peu plus vite. J'haïs toujours ça autant. J'me dis que je termine la section qui est sur le côté des marches, je ferais le 2/3 restant une autre fois. Ça fait déjà 210 minutes là que je me torture avec ça.

Ensuite varsol (ça pue). Laver les pinceaux. Resceller le litre avec un marteau (j'en reçois sur la joue). Varsoler mes mains et ma face, argh! Foutre le vieux t-shirt aux vidanges, presque pas sale, je travaille pas en cabochon quand même, mais ça sera un trop mauvais souvenir, j'en sacrifierais un autre pour la suite. Douche. Ahhh! Douche chaude pour commencer, histoire de sortir l'alcool à 80% du diluant, ensuite froide, froide. Haaaa. La maison est vide (l'autre fiston parti aussi, chez 'toine). Je prends mon temps. Je prends mon pied (quel expression idiote, mais ça fittait bien dans la phrase). Je me malaxe les muscles à l'Axe "shower gel revitalisant", merde ça l'air que pour une fois la pub disait vrai. Wow. Bonheur. Tant de petits malheurs font d'un petit bonheur une grande joie. Mais c'est pas vrai que je vais terminer cette job là tout seul moi, foutue rampe. Je pense que mes enfants sont assez grands pour commencer ce genre de travaux, je viens de décider ça moi là. Hehe.

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