Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/07/09

 

Une critique critique de Cousine de Personne

J'ai consommé un peu de culture encore cette semaine, acheté cousine de personne d'Isabelle Gaumont dans un café underground (convergence Québécorienne jusque dans le deuxième sous-sol du métro Lionel-Groulx, publié chez Stanké évidemment). Cynique quand même, ladite convergence est un des thèmes abordés par l'auteure.

J'avais bon espoir, ayant lu de bonnes critiques sur le bouquin, mais je doit avouer que je fût déçu. Le style d'écriture est contemporain, le rythme est bon et la manière d'écrire plaisante. Ça se lit bien donc, c'est de bonne forme. Ce qui m'a déplut c'est le ton.

Pourtant, ce n'est pas de l'autofiction qui semble en être un peu trop. C'est pourtant écrit en notice à l'arrière du bouquin, avis désintéressé aux intéressés: cousine de personne n'a rien à voir, de près ou de loin, avec de l'autofiction. Et ça fonctionne pour une bonne partie du roman. L'auteur/personnage porte ses idéaux de manière affirmé (et un peu prêchi-précha parfois) et le conflit entre le père et la fille est porteur de plusieurs savoureux moment d'écriture (j'me prends tu pour un critique littéraire de la presse moi là?).

Le mise en opposition entre la cousine téléréalité et la femme actrice de métier était aussi une belle piste, mais c'est exploré superficiellement, parce que l'antagoniste est trop caricaturale. Je n'ai pas aimé le ton récriminateur. Je n'ai pas aimé non plus le dénouement (que je ne dévoilerais pas pour ceux qui n'auraient pas lu encore). Le tout commence très bien dans ce roman mais s'est dégradé tout au long des pages qui s'amoncelaient sous mon pouce gauche (j'me prends tu pour un critique littéraire du devoir moi là?).

Ma principale déception donc, c'est que ça ne lève pas autant que ça pourrait, c'est très dommage. Si je ne m'abuse (ce que je fait souvent!) c'est un premier roman, j'aurais envie d'en lire un peu plus, j'ai senti que ça manquait un peu de fini (pas dans le style, dans la trame). C'était intéressant de lire un roman d'auteure québécoise contemporaine, après avoir entamé le cercle des auteurs masculins de ma génération, je suis heureux de découvrir les femmes de l'écriture d'aujourd'hui.

J'en ai donc tiré un plaisir certain, même si j'aurais aimé voir évoluer le récit autrement. La question intéressante du livre, lors d'un parallèle entre le métier sérieux d'acteur de théâtre qui travaille d'arrache pied et les pitres mis en scène dans les émissions de téléréalité m'a bien fait sourire. Ladite question, qui est une semi-affirmation dans le livre, c'est qu'au moins les auteurs ont la chance d'être préservés de ce cirque de médiocrité, ce que les acteurs n'ont plus.

Oh que non. Oh que non. Elle ne lisait pas les blogues la dame quand elle a écrit ça, c'est abominable tout ce qu'on peux y lire comme bêtise humaine concentrée, comme vacuité de rien ou d'absence de talent si manifeste. Par contre dans les blogues, vu que c'est plus facile et pas nécessaire de vendre le concept et rentabiliser l'investissement tout en profitant de la synergie de la convergence on trouve des joyaux. Ce qui ne se fait pas encore en images télé/ciné. Et ce cycle de rentabilité gruge aussi l'industrie du livre.

L'industrie du livre. Les usines à livres. Les présentoirs de livres. Le marché du livre. Moi j'aime lire, j'aime les auteur(e)s et j'aime écrire. Pas besoin d'industrie. J'ai payé ce livre 19.95$... dont probablement 1-2$ iront à l'auteure. Je préfèrerais payer 10$ à l'auteur directement... mais bon c'est pour un autre billet cette tirade (dans mon boulot de jour, je travaille de près avec l'industrie du livre sur un projet, ce n'est pas souvent rose!).

Mais ça s'en vient la publication directe des auteurs et la compétition amateure mais passioné en audio-vidéo aussi (les audioblog et videoblogs de tout acabits arrivent dans les cercles plus technos). C'est plus difficile à réaliser techniquement que simplement écrire, mais de toute façon qui a dit que de bien écrire était simple?

Y'a pas un proverbe là que je pourrais citer en conclusion, qui dit quelque chose comme distiller la l'art et la beauté est un processus long et pénible, ça rejoindrait un autre thème de l'auteure: l'effort sera inévitablement récompensé (donc il y aurait justice dans ce bas monde, en théorie, j'suis loin d'être sur de ça).

Comments:
Bonjour,

J'ai aussi lu le roman ! Je trouve que ça nous change du gros sentimentalisme à la guimauve surenrobé de chocolat ... Mais ça c'est juste moi !!
 
Je te suggère la lecture de "Le bruit des choses vivantes", de Élise Turcotte, une auteure québécoise. À lire ta poésie et ce que tu écris à propos de la paternité, je pense que ce roman là devrait te rejoindre.
 
Anne-Marie, c'est certain que ce n'est pas du sentimentalisme à la guimauve surenrobé de chocolat (dorénavant invoqué sous l'acronyme SGSC) mais je n'en lis jamais, j'ai comme un radar pour ça, je suis allergique.

Martine, merci de la suggestion, je vais certainement aller m'acheter ce bouquin, ma liste de lecture est de nouveau vide, faut régler ça!
 
c'est très normal
 
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