Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/07/06

 

Grosse soirée de rien pantoute

Je voulais aller voir/écouter le show de ce soir au festival de Jazz. Ça allait être un événement à ne pas manquer même s'il va pleuvoir pas mal fort une fois rendu sur place et que finalement je me rends tout seul et que oublie ça de trouver quelqu'un à la dernière minute quand y'a tant de monde juste pas SMS voyons donc si ça se peut. Donc il pleuvait. Et j'ai pas rejoint personne. Mais pas quand je suis parti. J'avais écris publiquement que j'étais pour y être. Comme si ça changeait quelque chose. Donc j'y suis allé.

Ça a commencé en retard. Mais ça promettait. Il pleuvait tant que ma bière goûtait l'eau. Ah non il ne pleuvait pas encore, ma bière goûtait l'eau drette en partant, avant la pluie. Une bière trop chère dans un verre en plastique. C'est la saison. Alors c'était pas pire, mais il pleuvait et l'énergie sur le stage ne se rendait pas jusqu'au premier pallier des marches de la place des arts. C'était un show de techno avec des guitares électriques au festival de jazz. Eclectique me semble. Pis j'aime pas ça le techno anyway.

Qu'est-ce que je faisais là déjà? Aucune idée. Je pense que c'est parce que Sophie m'avait dit que j'aurais trippé si j'avais été au concert de Mars que Champion a donné dans une salle que je vais trouver laquelle dans Google. Un site avec de la musique. Je sais, je sais. Pour un artiste sonore ça devrait avoir de l'allure. Mais pas les dates de ses anciens shows?! Mais je déteste quand mon ordi part la musique tout seul à une heure du matin. J'suis d'même. Au club soda ça l'air, c'est ça que Google répond en tout cas quand on lui demande "dj champion spectacle mars". Pas vraiment important.

Alors vers 23h, après avoir reçu un regard langoureux pas possible et m'être fait fixé par une paire d'yeux d'un gris hallucinant (mais c'était un gars, donc ça m'a pas mal moins allumé) je suis retourné m'enterrer dans le métro. Et le archambault était ouvert (lettre minuscule volontaire). Quand même, ça va me prendre de quoi à lire pour retourner en banlieue sud, c'est un petit peu long comme trajet. Ça sent le livre. Une coupe de livre. Un livre de coupe. Celui là même en effet. Et je me suis engouffré (deux f, me semble que non) dans le métro en lisant en marchant le dos du livre ou j'ai appris que l'auteur aimait les parenthèses (autant que moi). Qu'il aimait les col roulés (moi pas du tout). C'est vrai.

Et j'ai eu beaucoup de plaisir à lire dans le métro, de place des arts jusqu'à angrignon. Ça m'a presque fait aimer le hockey (presque, ok, presque!). Ça m'énerve les points d'exclamations dans mes parenthèses avec le point après, je sais c'est pas supposé mais je fais ça pas mal depuis longtemps. On dirait presque que j'essaie de me donner un style (presque, ok, presque!). Chanceux comme je suis j'ai attrapé la 31 en direction banlieue sud et je me suis replongé dans ma lecture. Vraiment satisfaisant. Un 22.95$ bien investi. C'était le dernier exemplaire. L'auteur devrait être content. Faudrait leur téléphoner demain pour dire de restocker hein?

Rendu l'autre côté du pont mercier suivi de la réserve de kahnawake je me suis dit que si il y avait plein de gouttes dans les vitres ça devait être parce qu'il pleuvait à boire debout comme en ville alors que je serais mieux de débarquer au premier arrêt celui qui a un tim horton et probablement des taxis aussi au pire j'm'en call un et j'attends à l'intérieur, non? Rendu dehors je me rends compte qu'il ne pleuvait plus. Épais. Pas grave, je vais aller me commander un gros beigne sucré. Un vrai. Comme je ne me permet pas de manger mais là j'en veux un! Deux! Non quand même, juste un. Mais tout un.

Dans la file de deux personnes (minuit presque en banlieue le mardi, c'est pas mal tranquille) je me délecte à l'idée même de pouvoir choisir quel beigne trop sucré je vais commander. Et paf. Deux jolies filles entrent et font la file derrière moi. Merde. J'peux pas me commander un gros beigne trop sucré, si mettons j'avais des chances d'en impressionner une (me semble, j'ai l'air d'une vadrouille mes longs cheveux pas encore secs) c'est pas avec un beigne que je vais faire ça. Un cappucino glacé s'il vous plaît mademoiselle. Fif. Je suis vraiment fif, même pas capable d'aller au bout de mes convictions de sucre à cause de deux filles beaucoup trop jeunes finalement avec tout plein de "genre" dans leurs phrases. Le gars pouvait ben me regarder tantôt.

Il ne pleut plus. Je vais marcher. Oui, ça va me prendre 30 minutes, mais c'est quoi 30 minutes. C'est 3600 secondes, j'ai appris ça très jeune. Merde je suis vieux. 3600 c'est pour une heure. Donc la moitié, je laisse l'exercice au lecteur. C'est tranquille la banlieue à cette heure là. Je vais pouvoir lire en marchant! Yes! Bon au début ça va bien, c'est le trottoir sur le boulevard et les lampadaires sont rapprochés, ce n'est pas trop difficile de rester avec pas mal de lumière et un chemin dégagé. La deuxième moitié sera plus difficile, parce que les lumières sont plus distancées, faut que j'incline mon livre vers l'arrière et ensuite vers l'avant pour me faire un max de lumière. Ensuite on se demande pourquoi je suis si myope...

Au chapitre du 23 décembre (vraiment drôle de date, j'vous raconte une autre fois) l'auteur se demande pourquoi il écrit. L'épais. Sa conclusion est pas si pire. Parce que ça fait du bien. Lire aussi. On continue? Oui, on continue. Ensuite un de mes passages préféré à date. "Des histoires, de la fiction, comme des mini-nouvelles toutes différentes, mais qui seraient toutes racontées par le même personnage. Pis le personnage, y aurait ton nom. Ça serait cool non?" (...) "Mais les gens vont se demander si ça m'est vraiment arrivé..." Hehe. Excellent.

Alors là je suis pris à vous raconter tout ça parce que lire ça me donne toujours envie d'écrire et de me prendre pour un auteur. J'oserais jamais dire que je veux en être un, mais je peux l'écrire par exemple. Au début je vais faire semblant que c'est pas important pis que c'est juste pour niaiser, dire que anyway je me trouve assez poche, juste pour voir si je fais sourciller quelqu'un. Ensuite je vais m'ambitionner et me faire dire que c'est pas pire ce que j'écris et là je vais me prendre au sérieux et commencer à écrire des trucs la nuit et m'autopublier sur internet parce que blogger contrairement à un éditeur, il ne refuse personne.

Après ça je vais trouver des parallèles entre un poème de Rimbaud et les niaiseries que j'écris (ça m'est arrivé pour de vrai cet après-midi) et penser que peut-être que ça se peut. Je vais m'encenser moi-même, me gonfler le torse et le cheveux au vent comme Jim Morrisson (ben l'acteur là, me souviens plus de son nom mais un smatte va me le dire dans mes commentaires, c'est sûr) et me prendre pour le lizard king I can do anything.

Et je vais me croire. J'espère juste que je vais me rendre compte que j'écris ça tout seul dans ma vieille chambre d'ado chez mes parents, tout seul, tout seul, tout seul dans la foule de l'internet avec personnes sauf des statistiques de fréquentations et des commentaires des fois et me dire que finalement ça sert à rien. Pourquoi on écrit? Non, sérieux, pourquoi on écrit? Ma réponse à moi, c'est que c'est pour se donner l'impression d'exister un peu plus. De figer des parcelles d'éternité et d'ultime dans des mots, ça permet de les rendre accessibles. Non? Me semble. Et de se faire accroire qu'on aurait pu être Morrisson ou Rimbaud. Méchant ego pareil le gars.

Comments:
'et que oublie ça de trouver quelqu'un à la dernière minute quand y'a tant de monde juste pas SMS voyons donc si ça se peut'

hehe, on aura essayé!
 
Tout ce flot de très dit, bien rythmé, spontané et ô combien enchaîné, avec en prime, une (réelle?) transparence m'apparait des plus rafraîchissant et, ma foi, quelque peu surprenant, même, si j'ose dire (j'ai tout à coup, d'ailleurs, la vague impression d'avoir effectivement osé...). Hmmmm!
 
m-c: oui et en plus on était vraiment pas si loin finalment, mais avec la densité de foule, j'avais pas grand espoir anyway...

Brigitte: oui, c'est une réelle transparence, pourquoi est-ce que ça te surprends (j'ai quelques hypothèses mais j'aimerais connaître ta perspective). D'ailleurs ça va se mériter un billet au complet ça la transparence, d'ici quelques jours.
 
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