Ainsi installé, les mains sur le clavier,
j'ai voisiné hier soir sur le porche de mon blog,
j'ai versé cette identité de rubyjam, pas en afrog,
ainsi accoudé sur le bord de l'internet, voie lactée.
Dès lors mes propos répandus, vitrioliques parfois, un peu,
sont allés mettre le feu aux poudres imaginaires d'un autre,
faire rigoler ma muse qui n'est pas ma blonde, entre autre,
et causer quelques commentaires instantanés, vive le feu!
Accoudé à mes fenêtres sur le virtuel avec des vrais personnes,
entre les sourires et rires provoqués chez celle qui était spleen,
les questions difficiles et confuses de celle qui ne pas devine,
missive éclair à l'une dont j'aime la répartie et la donne.
Existence réelle par électrons allumés de mots et d'idées,
construction futile de soi et réflexion utile du quelque surmoi,
réactions débiles parfois et incompréhension, que d'émoi,
intimité intrigante d'une inconnue reconnue à son clavier.
Clavier, encore le clavier. Les doigts sur les touches,
C'est moins sensible que sur la peau, tant mieux.
Enfermé devant mes fenêtres ouvertes, tant de lieux.
Déferlantes de mes mains, pas un son de ma bouche.
Clavier, encore le clavier, la tête en éclats d'artifices,
plaisirs de conversations à distance sans dissonances,
sourire de pas de sous-entendu et pas de date non plus,
loisir de décider d'incarner celui qu'on aurait dû,
délire de proclamer et de suivre ses propres transes,
sortir de chez soi sans bouger, sans but, sans maléfices.
Être ou ne pas être n'est plus la question.
Être là ou ailleurs ou partout ou nulle part, sinon!
Saisir l'opportunité de se faire projection.