Le pragmatique romantique

Ou l'inverse.

2005/09/24

 

Banlieue assumée, habitée, subjuguée.

Je dois m'y résoudre, je ne suis pas un banlieusard. Si j'y suis, c'est accidentel. Contrairement à Martine, qui s'y retrouve après tant de montréalitées (et oh ironie, qui a sa chronique hebdo dans le journal de montréal depuis plusieurs mois!), je suis plutôt dans la situation contraire. J'ai vécu trop de banlieue dans mes dernières années, j'ai soif de ville.

Actif dans ma grande maison vide cet après-midi, j'appercevais mes voisins agglomérés au coin de la rue au travers mes vitres qui auraient sérieusement besoin d'êtres lavées. Je les entendais aussi, fenêtres sales mais ouvertes toutes grandes quand même, raconter n'importe quoi de tout ce qui ne m'intéresse pas... Je me disais que Brel, s'il avait habité ma banlieue au lieu de sa localité de France, il aurait composé les voisins au lieu des bourgeois. Mais bon, ça va, Meunier à fait le travail admirablement pour ça (est-ce que ça fait partie du patrimoine mondial quand c'est disponible sur amazon.com?)

En tout cas. Après ma session de tondeuse qui dure un CD et demi de system of a down (ça vous donne une idée de la superficie, non mais, à fond, ça enterre le moteur de ma tondeuse correctement, et ça donne certainement un swing supplémentaire dans les dénivellation de mon terrain, et oui, j'avoue, avec mes écouteurs in-ears, je pourrais passer une petite bête de presque campagne dans mon moteur de bête-à-gazon sans m'en rendre compte, mais hey, c'est pas une tondeuse de fif que j'ai là, je ne connais rien dans les moteurs, mais ça tire pas à peu près, banlieue oblige, et non, ce n'est pas un jugement de valeur sur les couples homosexuels qui peuvent bien avoir une tondeuse respectable aussi, c'est simplement l'utilisation d'un péjoratif chargé pour faire accroire que je suis un macho mécanique, malgré mes si longues parenthèses, mais qu'est-ce qu'on va faire avec ce cerveau débridé et déridé, comme un étalon apache incontrôlable? Non mais! Quoi donc!).

Faut le faire pareil, des commentaire parenthésiques 12 fois plus long que la phrase qui le supporte. C'est pas scientifique comme mesure, ok? Mais le questionnement reste entier.

Alors oui, perdu dans ma banlieue trop loin, à faire des trucs de maison nécessaires mais plates (mais pas tant que ça, ce billet a été composé entièrement pendant la tonte dudit gazon), à repenser que mes voisins m'emmerdent et que si je déteste tant la banlieu c'est en grande partie à cause d'eux, eux qui me regardent tout croche quand je vais au dépanneur acheter du lait à pied ou en skate, eux qui se révulsent que je n'ai pas de voiture stationnée dans mon entrée pas asphaltée assez récemment à leur goût, eux qui se demandent pourquoi certains soir aucune lumière ne s'allume dans ma chaumière (j'suis pas là, personne non plus, probablement que je dors au bureau par dépit d'un meilleur pied à terrre, mais ça viendra), eux qui trimment leur haies trop bien et qui sont caricature de tout ce qui me déplait tant de cette monoculture de région...

Eux qui supportent leur misérable couple avec tant que compromis que ça m'en donne envie de vomir, du mien qui n'est plus par intégrité, que je respecte tant de la mère de mes enfants, parce que c'est cette intégrité qui fait qu'on a pas décidé de continuer à se raconter des fausses histoires pour se faire à croire, parce que sinon, on construit rien de valable et qu'on ne va pas supporter une telle médiocrité, mais ces voisins ils me la larguent à voix trop haute cette médiocrité, et si j'ai des écouteurs dans mes oreilles quand je suis dehors, si je n'ai pas envie de parler avec vous sur le coin de la rue ou par-dessus la clôture, c'est que mes idéaux ne peuvent pas le supporter, c'est que je me demande ce que je fais ici...

Mais je trouve la paix aussi dans ce gazon fraîchement coupé, dans chacune des chambres de mes enfants qui s'amménagent à leur goût, dans ce petit bout de rue en cul-de-sac avec un parc au bout, une rivière, mulitude d'arbres et d'oiseaux. Tout n'est pas que gris. Et le boucher du coin de la rue, la bagelrie ou je vais déjeuner souvent, la saucisserie qui fait des merveilles à faire des cauchemards au végétariens, la petite succursale de la SAQ avec ses vins californiens, australiens, espagnols et trop peu de bières importées, le vieux petit monsieur du dépanneur la matin qui demande toujours des nouvelles des enfants et la jeune demoiselle du soir au même endroit qui rigole encore de me voir arriver en planche à roulette et que me fait des clins d'oeils coquins sympatiques et sans prétention (hey, on est lucide hein, elle a 19 ans et moi 33, ça aide d'être lucide dans l'évaluation des rapports, hein?). Et tout ça.

Et tout ça. Et ma solitude de voisins et ma voisine nouvelle qui m'énerve d'être trop gentille, mais que voulez-vous c'est une madame avec une petite fille, en plus elle aussi est séparée, mais je n'ai rien en commun avec elle sauf qu'on mets nos vidanges au bord de la rue le même soir, et j'ai soif de mes vrais voisins, de ceux qui sont sur ma liste de liens juste là à droite sur mon blog, ce sont eux que j'espère entendre trop tard le soir ou trop tôt le matin ou le samedi comme ça en fin d'après-midi...Et elle est vraiment relative ma solitude, vraiment, parce que ces voisins là, c'est voisin virtuels, ils sont tellement plus présents que mes voisins sur ma rue. La vraie vie, elle n'est pas contrainte aux adresses postales. Pas en 2005. Pas pour moi.

Merci à toutes mes voisines, mes voisins, qui sont eux-même pour de vrai, dans cet espace qui est mien. Je sais qu'il ne sont ici qu'en partie, je sais que ce ne sont que quelques facettes qu'ils nous exposent, mais c'est tellement plus vrai, plus sincère. plus réel pour moi que toutes ces assemblées de voisins ou je suis étranger, que toutes ces conceptions défaitistes et ces abandons d'idéaux, ces concessions de je ferme ma gueule de ne pas trop déranger, de ne pas faire trop de bruit, de mourir en silence de le bruit trop dérangeant des banalitées qu'ils profèrent. Un jour, voisins, voisines, je vais tous vous inviter dans ma banlieue. On va faire un party pas d'allure, la police va venir parce qu'on va déranger l'ordre public, on va ré-inventer le monde ensemble plusieurs fois, on va rire trop fort, boire et manger sans retenue, baiser dans les bosquets parce que les maringuoins sont partis maitnenant, on va se raconter tout ce qu'on aurait aimé être, tout ce qu'on est, tout ce qu'on espère encore devenir...

Un jour, peut-être. Pourquoi pas? Hehe. :)

Ce n'est pas drôle d'être réduit à conclure par un sourire ascii. Un smilie. Non, c'est drôle. :)

Je peux entendre un lol quelque part au moins?

Comments:
Tu sais que ton message se lit très mal avec Brel qui râle en fond sonore ? LOL (le voilà).
Quoiqu'il en soit, bebitte à pelouse450, voilà-t'y-pas qu'on s'est payé un synchronisme du tonnerre aujourd'hui.
J'étais à Saint-Félicien (la maîtrise de madame ne se donne qu'à l'UQAC, qui ne dispense son précieux cours qu'à St-Fé), en route vers Nicolet (la banlieue de madame, qui s'énerve de trop de monde dans trop de rues faque Trois-Rivières, c't'une conne, et moi, je suis une rurale-euhhh) et pis je me disais (dans ma tête, parce que dans ma Tercel, c'était plutôt Disturbed qui m'envahissait) que je devrais acheter le terrain derrière chez moi (un espace vert, préservé de l'agricolité...), y enfoncer (ou enterrer, plus propret) des connexions internet (quoique le fil, de nos jours...mais bon...), et puis mettre des chiffres devant les abris (à construire, éventuellement), puis inviter tout mon monde (mon monde virtuel-réel, les gens à qui je cause tous les jours, invariablement virtuels, donc, parce que les vrais gens, je leur cause pas quotidiennement, hormi mes kids, et mon mec, quoique...) à venir vivre directement dans un tipi (une commune de tipis, à 15 minutes d'Odanak, j'aime la compet...). Comme ça, on pourrait se bloguer en direct (et en prime, en plus du terrain généreusement dépelouser par ta tondeuse infernale, on pourrait pencher nos têtes en même temps, question de tous voir nos sourires ascii !). Même pas besoin de RSS, de feed, rienpantoute. On crie quand on termine un post et bang, réaction immédiate. J'envisage la possibilité de quelques éclats de rire, ouais, mais aussi de tonnes de : «Hey, t'es allé chercher ça où ?» ou quelques : «Pis là, es-tu encore tout nu ?»...

Jung, mon ami.
Les commentaires-parenthèses, un clin d'oeil.
Toi, mon toi.
 
Woooahhhhhhhhhh... tu devrais penser à vendre tes espaces commentaires. Rienqu'avec moi, t'aurais de quoi acheter une caisse de Southern...
 
Tiens, j'achète une autre parcelle, j'avais oublié que t'avais p't'être pas de verre à portée de main, sur la tondeuse.
 
ça coûte pas cher, juste ajouter sylvaincarle@hotmail.com dans ta liste msn miss! ;)
 
ouais, une bonne fois :)

party de banlieue :)
 
Dessouche. Douche. Touche. Couche.
Inévitablement entraînée ; subjuguée.
Qu'il pleuve ! Que je récolte !
 
Party ?! Quand ?!.. je réserve ton sofa. Je vais même stationner ma voiture dans ton entrée que trop peu alsphaltée pour faire taire des voisins !

J'apporte la bière si tu fournis le fridg et les nachos au four !

Mais bon, la banlieu à quand même un peu fait de nous qui nous sommes aujourd'hui. Nos bar locaux ;

* La chaumière, où tous les jeunes de 16 ans de Chtgy/Mercier allaient se rendent malade de bière cheap, où nous avons virer des brosses mémorables dont on ne se souvient plus !

* L'excalibur et le Pub Freeman (qui n'est plus aujourd'hui), où nous avons fait nos premières expériences de substance illicites, où nous avons virer des brosses mémorables dont on ne se souvient plus !

* Lance & Compte, où on échangeait nos payes PJC dûrement acquises. Où nous avons développé nos habilitées poolesques et où nous avons virer des brosses mémorables dont on ne se souvient plus !

* Sir Williams où nous avons dominé cette table de pool tellement souvent. Cet endroit où aussitôt qu'on avait le pied dans la place, la grosse Bleue et le boc gelé nous attendaient au bar, tout juste à coté de la machine à pop-corn trop salé. et bien sûr, où nous avons virer des brosses mémorables dont on ne se souvient plus !

Tu vois, ça c'est passé en banlieu tout ça, c'est quand même pas si pire que ça !!
 
Oui ben merci, c'est vrai que le voisinage ici dans cet espace est plus intègre (ou plus poussé, je ne sais pas) que le voisinage avec nos voisins de palier ou de drive-way. Simplement une question d'effort (on se lit, on s'écrit), et de points communs aussi. Je suis médusée de réaliser que tant de gens manquent profondément de culture (pour faire le jeu des parenthèses, je dis ça parce que j'ai eu droit à un marathon de party depuis une semaine et que le nombre de personnes complètement ennuyantes et égomaniaques et sidérant). Alors quand on arrive à avoir des échanges avec des gens qui réfléchissent à leur vie, à son sens, et qui s'intéressent au monde qui les entourre, dison que ça ventile le voisinage. Et ça rassure sur le sort de l'humanité.

C'est drôle parce que j'arrive à l'instant de la banlieue-rive-sudienne (lointaine) où j'ai grandit, et son absurdité me frappe à chaque fois. La banlieue (attention, je deviens presque de droite ici) est un appel à la médiocrité et la laideur, c'est l'appologie de l'ennui, de la conformité, du normal, du beige, du plat, du sans-saveur, de la pensée unique, du préjugé et du qu'en-dira-t-on. La banlieue carbure aux médicaments qui calment, qui applatissent la pensée. Je le sais, j'ai souffert de sa platitude lors de mon adolescence, mais cela m'a aussi permis de pousser pour me tirer de là rapido, et donner soif de découvrir ce qui n'était pas la banlieue.

Pour revenir au sujet voisins, je te rappelle seulement de ne pas confondre voisins-en-banlieue et voisins-en-ville. Je suis une snob résidente du platôoo, et je suis très fière de mes voisins. La petite Madame Legris, toujous à la fenêtre avec son chat noir. Ginette, ma voisine de palier, un roman sur patte (je vais faire un film sur elle, elle est un véritable phénomène). La belle Tamara, dont la vie dramatique est complètement fascinante. Elle est devenue mon amie, j'ai lu récemment un scénario qu'elle a écrit basé sur sa vie (et la mort tragique de son père). Et tous les autres. Depuis 5 ans que je vis ici et j'ai compris qu'en s'intéressant réellement à mes voisins, je découvre des gens fascinants, très différents de moi, mais attachants et toujours prêts à aider. Je crois que je suis chanceuse. Eux aussi d'ailleurs. Tantôt j'ai donné un sac de pommes (de la banlieue) à super-Ginette. Elle va surement me donner une tarte. C'est ça je crois, les voisins, toujours une question de partage et d'équilibre.
 
Oh! J'ai oublié de rire. Shhhhh... que je suis sérieuse des fois... LOL
_ en passant c'est quand le party? _
 
Kitty: ?????
C'est un peu mince comme commentaire. Tant d'opinions et de thèmes furent abordés sur ce fil de discussion que ce qualificatif de "pathétique" tombe complètement à plat, et ne revet aucun sens. À moins que ce ne soit une blague référencielle que je ne comprends pas...
Explications SVP!!!
 
Ok Kitty, je viens de lire ton post. Je comprends, je comprends aussi ta colère, et que tu t'es sentie blessée par les échanges ici. Mais je crois qu'il ne faut pas prendre ça personnel, pas du tout. Tu n'es pas ta banlieue, tu es toi, avec tout le respect que tu mérites. Moi j'ai beaucoup souffert de cette banlieue car elle n'acceptait pas ma différence. C'est tout, simplement. Mes parents y sont encore parce que ce lieu leur convient, comme à des milliers de gens, comme à toi, pour tous les avantages que cela procure. Grand bien vous fasse, je peux comprendre. Je n'ai pas la chance d'avoir des enfants encore, je n'ai donc jamais eu à réfléchir à un lieu adéquat pour les élever. J'ai vécu 17 ans en banlieue, je suis donc bien placée aussi pour voir ce qui cloche dans ces agglomérations artificielles qui ont tué la vie de village. Je retrouve davantage de liens communautaires et d'entraide dans mon petit quartier en ville que je n'en ai jamais senti en banlieu. Sans rancune, et désolée si j'ai pu te blesser dans mes propos.
 
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